Une perspective de Benjamin LECLAIRE
La question de savoir si les dirigeants d’entreprise doivent impérativement posséder un diplôme universitaire ou collégial suscite régulièrement des débats. Certaines organisations, souvent dirigées par des entrepreneurs, minimisent l’importance des certifications et des diplômes, tandis que d’autres refusent systématiquement d’embaucher des leaders non diplômés, simplement par tradition
Chez Fauve, nous avons été exposés à une grande diversité de perspectives sur l’importance de l’éducation formelle. Par exemple, de nombreux clients français—et la société française en général—accordent une grande importance aux diplômes, les grandes entreprises recrutant souvent exclusivement dans des établissements prestigieux (grandes écoles). À l’inverse, nous avons eu le privilège de collaborer avec des entrepreneurs et des dirigeants d’entreprise qui ont bâti des entreprises prospères, parfois avec peu de formation académique ou dans des domaines totalement différents de leur cursus.
Cette dualité illustre la complexité du rôle de l’éducation dans la formation des leaders et souligne la richesse des parcours divers vers le succès.
1. Une base de connaissances solide Les études universitaires offrent un cadre structuré où les étudiants acquièrent des bases essentielles dans des domaines tels que la gestion, la finance, et la stratégie d’entreprise. Ces compétences sont particulièrement utiles pour naviguer dans des environnements d’affaires complexes. Par exemple, de nombreux PDG de grandes entreprises, titulaires d’un MBA, témoignent de l’impact positif de leur formation sur leurs décisions stratégiques.
2. Une preuve de persévérance Terminer un programme académique exige discipline et engagement, des qualités essentielles chez les leaders. Cette capacité à mener un projet à terme inspire souvent confiance et crédibilité auprès des partenaires, des investisseurs et des équipes.
3. Opportunités de réseautage Les institutions d’enseignement supérieur ouvrent des portes à des réseaux influents. Les relations nouées pendant les études peuvent mener à des opportunités de collaboration, de mentorat ou de partenariat stratégique.
4. Exposition à la diversité Les universités sont des lieux où les étudiants côtoient des individus issus de milieux culturels et professionnels variés, ce qui prépare les futurs leaders à gérer des équipes globales et à adopter des perspectives différentes.
1. Pertinence du contenu Une critique fréquente concerne l’obsolescence des programmes. Dans des domaines comme la technologie ou le marketing numérique, les connaissances apprises à l’école peuvent rapidement devenir désuètes. Les leaders tels qu’Elon Musk ou Steve Jobs, autodidactes notoires, ont souvent misé sur l’apprentissage en continu et l’innovation.
2. Le coût élevé Les études supérieures représentent un investissement financier considérable, pouvant générer un endettement important. Pour des entrepreneurs en herbe, cet obstacle financier peut retarder la concrétisation de leurs projets.
3. L’expérience avant tout Rien ne remplace l’apprentissage sur le terrain. Les dirigeants qui progressent par l’expérience acquièrent une compréhension fine des défis spécifiques à leur industrie. Richard Branson, qui a quitté l’école à un jeune âge, attribue son succès à une approche pragmatique et autodidacte.
4. Risque de conformisme Les systèmes éducatifs formels valorisent souvent des approches conventionnelles, ce qui peut brider la créativité et la pensée innovante. À l’inverse, l’expérience pratique pousse généralement à une adaptation rapide et à une pensée audacieuse.
Les entreprises les plus performantes privilégient la diversité au sein de leurs équipes dirigeantes, réunissant des leaders aux parcours variés pour encourager l’innovation et produire de meilleures décisions.
Au-delà du savoir acquis, terminer un diplôme symbolise la capacité à mener un projet à bien. Chez les leaders, cela reflète un sens aigu de la responsabilité et de la résilience.
Cela dit, quitter une formation pour poursuivre une vocation, comme lancer une entreprise, peut aussi démontrer du courage et une clarté d’objectif. Ce choix repose alors sur la manière dont l’individu présente son parcours, en mettant l’accent sur une décision réfléchie plutôt que sur un abandon précipité.
Si le débat autour de l’éducation formelle persiste, les entreprises les plus performantes privilégient la diversité au sein de leurs équipes dirigeantes. Que les leaders aient une formation académique ou une expérience pratique, la diversité des parcours favorise l’innovation.
Les équipes hétérogènes stimulent les débats constructifs, remettent en question les idées préconçues et produisent de meilleures décisions. Des études, comme celles de McKinsey & Company, montrent que les entreprises dirigées par des équipes diversifiées enregistrent des résultats financiers supérieurs à la moyenne.
La question de savoir si les leaders doivent impérativement posséder un diplôme universitaire n’a pas de réponse universelle. Une formation académique peut offrir des connaissances, des réseaux et une crédibilité essentiels, mais elle n’est pas l’unique voie vers le succès. L’expérience pratique et la capacité d’adaptation peuvent souvent s’avérer plus pertinentes.
Cependant, être dogmatique dans un sens ou dans l’autre ne profite à personne. Ce qui compte vraiment, c’est la complémentarité au sein des équipes dirigeantes. En réunissant des individus aux parcours variés, qu’ils soient diplômés ou non, les entreprises encouragent l’innovation, remettent en question le statu quo et obtiennent des résultats supérieurs.
Benjamin Leclaire est cofondateur et associé chez Fauve. Avec plus de 15 ans d’expérience dans la recherche de dirigeants, il conseille principalement des clients dans les secteurs des biens de consommation et du luxe.